Tarik Azzouz : « Pourquoi j’ai réalisé mon rêve ? Parce que CHAQUE JOUR »

  • Propos recueillis par Thibaud Hue
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Après avoir imposé sa patte outre-Atlantique, en composant pour Jay-Z, Nipsey Hussle, Rick Ross ou encore Lil Wayne, Tarik Azzouz écrit désormais sa légende dans l’Hexagone. Le producteur d’Aulnay-sous-Bois publie son premier album, CHAQUE JOUR, ce vendredi 31 janvier, avec un casting XXL. Tiakola, La Fève, Jolagreen23, Dinos, Prince Waly… Un mélange des genres pour fédérer un public et paver un nouvel arc. Attablé à un brunch dans le XXe arrondissement de Paris, l’artiste raconte à Mosaïque les dessous de la conception du disque.

À l’heure où l’on se parle, ton premier album CHAQUE JOUR n’est pas encore sorti. Quel bilan fais-tu des répercussions de l’annonce ?

C’est dur à jauger parce que je n’ai pas de points de comparaison. Comme je suis un ouf, je me compare aux chiffres de Gazo et de Werenoi [rires]. Ils font un million de streams et nous que 400 000 [en date du 22 janvier], comment ça se fait ? En vrai, quand je prends un peu de recul, je suis super content. Le single avec La Fève et Hamza est la deuxième plus grosse entrée au top, avec Gims et Alonzo devant nous. Et c’est le premier morceau de ma vie ! Je pars de zéro et je n’étais même pas répertorié sur Spotify. Dans la foulée, on a sorti des vinyles, sold out en moins de 48 heures. Les gens sont super réceptifs. À moins d’être un enfant pourri gâté, je ne vois pas comment je pourrais me plaindre. Je me suis tellement donné avec mon équipe, que de voir ces résultats, c’est très gratifiant. 

Tu avais déjà parlé de l’ambition de faire un projet à toi, mais plutôt avec des artistes américain·e·s. Qu’est-ce qui a changé entre-temps ?

Disons que d’attendre de pouvoir avoir Jay-Z, c’était le meilleur moyen de ne rien faire. Je fais ce que je peux ! Et je suis fan de la scène française, je suis amis avec ces mecs là, et j’ai envie de gagner avec eux. Ce n’est pas du tout un choix par défaut. Je me suis posé la question d’inviter des américains, sauf que c’était compliqué au niveau de la logistique. Ça coûte cher et je n’ai pas le même rapport humain aux artistes américains qu’aux français. Je ne voulais pas le faire pour le faire.

Photographie du compositeur Tarik Azzouz assis à une table

© 74pixels

Tu as annoncé l’album avec un teaser sur lequel on voit presque tout ton casting réuni autour d’une grande table pour un repas. Dinos, La Fève, Jolagreen23… La première chose qu’on se dit quand on voit ça, c’est que l’organisation a dû être compliquée. Non ? 

C'était une galère de ouf ! Je connais personnellement tous les mecs à la table, alors quand j’ai eu l’idée je leur ai proposé une date. Je leur ai dit : « Les gars, je voudrais vous remercier d’être sur le projet, je vous invite et c’est moi qui régale. » Quand j’ai eu plusieurs oui, je me suis lancé. J’ai réservé de ma poche un grand repas au Plaza Athénée pour 12 000 euros, j’ai envoyé le menu à tout le monde pour leur demander s’ils préféraient un tournedos rossini ou un homard [rires], on a choisi le homard, et j’ai eu des frayeurs jusqu’au bout. On me disait que ça allait être compliqué de venir, Dinos m’a appelé la veille pour me dire qu’il avait un clip à tourner… Et je comprends, c’est des gars occupés. Le jour J, j’étais stressé de ouf parce qu’il y avait trop d'enjeux. J’avais donné rendez-vous à 19 h pour qu’on commence à l’heure, à 20 h 30. Finalement, tout le monde était là à 21 h 30 et Dinos a même réussi à venir. Hamza a pris un viano aller-retour de Bruxelles spécialement pour ça. Et ensuite, c’était parti. Mignardises, petits fours, entrée, plat, dessert… On s’est régalés. Je voulais arriver avec un visuel fort, qui te prend tout de suite et qui t’empêche de passer à autre chose. Une image stylée et impactante. Ça me fait penser aux pubs de Nike de quand on était petit, toutes proportions gardées. Tu te rappelles de la campagne The Cage avec des footballeurs ? C’était un événement. J’avais 10 ou 12 ans, il n'y avait pas YouTube et je restais devant la télé par espoir de la voir passer. C’était iconique. Avec ce trailer, je voulais aussi montrer un moment spontané. Quand on rigole à table, on rigole pour de vrai. Quand Dinos arrive et qu’il fait un câlin à Waly parce qu’il ne l’a pas vu depuis six mois, c’est sincère. On dit souvent que le game est un monde d’enculés, et bien tous ces gens autour de la table, c’est ma famille et ils veulent que je réussisse. C’est ma réalité.

Pourquoi avoir choisi cette esthétique du luxe ? 

Mon rappeur préféré, c’est Rick Ross. Je pense que ça va dans cette lignée. Quand j’écoute de la musique, j’aime bien rêver. Je voulais montrer des mecs qui sont partis de rien. Il n'y a pas de fils à papa, seulement des gars qui se sont faits tout seuls. Ce n'est pas pour prendre les gens de haut, mais surtout pour leur donner envie d’être avec nous. L’idée du projet, c’est de dire : « Tu peux le faire. »

C’est ça, CHAQUE JOUR ?

C’est l’esprit hustle, no days off ! Si je suis arrivé là où j’en suis aujourd’hui, en toute humilité, c’est grâce à cette mentale. C’est une façon de dire aux gens que tout est possible, sans être cliché. Les gars, je viens d’Aulnay-sous-Bois, mon rêve c’était de faire ça, et j’ai réussi. Pourquoi ? Parce que CHAQUE JOUR. Je me suis bousillé de 2010 à 2015 sans m’arrêter. Faire de la musique et être un producteur, ça a tellement de valeur pour moi que j’ai envie de faire ça constamment. Tu as le droit de vouloir jouer aux Lakers, au Barça et d’aller sur la lune, mais par contre, il faut que ton éthique de travail aille avec. Tu as le droit de rêver super haut, mais il faut être cohérent. 

Photographie du compositeur Tarik Azzouz avec Hamza et Dinos

© Chicvnoss

Quel est le point de départ de la création de CHAQUE JOUR ?

D’abord, il y a eu Amine Farsi. J’ai signé un contrat de distribution pour ce projet sur le label qu’il dirige. Aura Musique. Amine est comme mon frère pour moi et c’est le premier qui m’a poussé à faire cet album. J’y pensais déjà, mais il m’a motivé. Il m’a dit : « Si tu le fais, je te le signe direct. » Et puis, j’ai commencé à en parler à des artistes qui m’ont fait des retours positifs. Un jour, alors que j’étais à Berlin avec Tiakola pour X, il m’a dit de lui-même : « Toi, je suis sûr que tu vas faire ton projet ! » Je ne sais pas comment il a fait pour le deviner, moi-même je n’étais pas encore certain. Il m’a tendu la perche et il m’a dit qu’il était chaud de me suivre, donc je me suis lancé. Je suis parti à l’ICP en mars 2024, à Bruxelles, un studio mythique, avec Lyele qui bossait aussi son projet. On a partagé les frais de location pendant une semaine et on a fait de la musique. Tiakola et Fève étaient là, c’était génial d’être ensemble.

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