Tu viens de la région marseillaise. Comment cet environnement a influencé ta musique ?
J’ai beaucoup écouté de rap marseillais mais je ne sais pas si c'est ma première influence, à part IAM. Ils ont été mon Blueprint. J'ai vraiment étudié ce qu’ils ont fait et j'ai voulu refaire la même chose, mais de façon plus moderne. Ça a défini le début de ma carrière professionnelle, quand j'étais avec Steban et tous les autres artistes marseillais. J'ai même rencontré Akhenaton avec qui j’ai discuté.
Quelles sont les sonorités qui ont marqué ton enfance et ton adolescence ?
Mon père écoutait beaucoup de soul, de reggae. Après, j'ai écouté des trucs français comme l'album reggae de Gainsbourg. Ma mère c’était Jean Ferrat, ça m’a marqué. Quand tu écoutes ses compositions et l’outro de ERRR de La Fève, pour moi, it makes sense.
À quel moment as-tu commencé à écouter du rap français ?
C’était à partir de L’école du micro d’argent. Après, j’ai écouté Booba. J'étais très rap américain et, c’est le premier rappeur français à m’avoir mis une bastos, notamment avec le clip de « Repose en paix ».
Tu as gardé les mêmes références aujourd'hui ?
Non, c'est différent… Aujourd'hui, si je devais définir ma musique, elle est vraiment Black music. C’est les sons de diaspora, que ce soit les Afro-américains, les Caribéens, en Angleterre ou autre. Le jazz, la soul, le rap, le dancehall… C'est vraiment ce corps de musique qui m'inspire. Je trouve que le rap français était plus comme ça dans les années 1990-2000. Des mecs comme IAM samplaient toute la Motown, De La Soul… Je me reconnais davantage dans cette époque du hip-hop traditionnel. Quand le rap français a puisé son identité dans un son de variété, je me suis senti moins connecté.

© Davis Dylan
Tu as choisi de travailler en duo pour débuter la production. Pourquoi ce choix ?
T'as vu ça où [rires] ? C'est un gars à moi qui s'appelle Sabrislim. Il compose toujours et il est basé dans le sud. On a commencé à deux parce que c'est lui qui m'a montré comment on faisait de la musique. J'en avais envie, mais j'étais un peu intimidé. Il n’y avait pas tous les moyens et les tutoriels mis à disposition aujourd'hui. Sabrislim m'a grave aidé à mettre mon pied à l'étrier. Il était plus rattaché à la musique électronique avec de la techno de Détroit ou de la house de Chicago. J'adorais les samples et lui aussi, du coup on s'est retrouvés sur ça. On s'appelait The Archeologist ! On diguait des samples pour composer des sons dessus.
Au moment où tu quittes ton duo, quel était le plan pour toi ?
C'était de me mettre à fond dedans. Je voulais vraiment avoir une carrière. Je faisais toujours des trucs samplés mais très trap, comme mes influences actuelles : Shawty Redd, Zaytoven, DJ Paul… Sabrislim était plus dans un autre truc. On faisait plein de choses à deux puis chacun s'est un peu spécialisé dans ce qui nous touche le plus. C’était en 2012 ou 2013, ça s’est fait naturellement.
Tu t’es alors rapproché d’un premier artiste avec qui tu travailles toujours et qui est l’un des guests de ta mixtape : Steban. Comment s’est construite votre relation ?
À la base, son manager cherchait des producteurs. Mon ex, à cette époque, bossait chez Universal et en avait eu l’écho. Elle leur a parlé de moi et c'est comme ça qu'on a connecté. Dès qu'on a fait la première séance, j'ai joué des prods et ils ont grave kiffé. C'est à partir de là qu'on a développé notre amitié. Encore aujourd’hui, c’est mon gars de fou.

© Davis Dylan
Baked est ta première mixtape. Pourquoi maintenant ?
Il y en a eu d’autres mais je ne les ai jamais sorties [rires]. « Rarri » et « Ensemble » étaient dans le projet que j’avais fait avant. Je n’avais pas forcément les moyens, ni les soutiens pour les dévoiler comme je le voulais. D’un autre côté, je suis content de pouvoir révéler ces sons à un moment où j’ai un peu plus de lumière sur moi. Les gens pourront, j’espère, les apprécier à leur juste valeur. Il fallait que je développe ma manière de produire des projets, j’avais plein de choses à apprendre. Je pense que j’aurais été incapable il y a cinq ans de sortir une mixtape comme celle-ci. Quand j’écoute Baked, elle me ressemble à 100 %.
Pourquoi ce titre ?
« Baked » veut dire être défoncé. J'ai toujours eu une espèce de fascination pour les addictions et même pour la drogue dans la musique. C'est quelque chose d’un peu tabou en France. Mais aux États-Unis et dans d'autres pays, il y a toujours eu ce rapport avec les artistes novateurs. À la fois c'est super condamnable et en même temps, on s'inspire de stars incroyables qui sont passés par ces portes. J'ai aussi grandi avec plein de gens différents dont des skateurs. Il y avait une équipe qui s'appelait Baker et ils étaient à mi-chemin entre le skate, le rap et la culture hip-hop, chose innovante à la fin des années 2000. Ce sont des gens dont la mentalité et l’univers m’ont grave influencés. Et je pense aussi à Lil Wayne qui a un tatouage baked sur le front. C'est un de mes artistes préférés !
Tout le long du projet, on retrouve des références à la drogue. Est-ce que c’est quelque chose qui t’accompagne au quotidien ?