Festival de rap : stop ou encore ?

  • Propos recueillis par Meryem Benyahia
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Golden Coast, Yardland, Grünt, Boomin Fest, Les Ardentes… Nombreux sont les festivals rap à voir le jour depuis quelques années. Une véritable offre culturelle, jusque-là manquante, qui ravit un public de passionné·e·s. Mais face à toutes ces initiatives, comment se démarquer ? C’est l’ambition de la première édition du festival Hypnotize qui se tiendra du 13 au 14 juin à Lyon puis du 5 au 6 septembre à Bordeaux. Imaginé comme une expérience immersive, le festival se veut accessible pour un public encore privé d’événements locaux de cette envergure. Pour Mosaïque, Olivier Maligorne, directeur créatif du festival, présente les enjeux de cette première édition.

Comment l'idée de ce festival est-elle née ?
 
L’initiative vient de chez Fever, l'entreprise qui produit le festival. C’est l’une des boîtes leader sur l'événementiel, les concerts et les expériences immersives depuis quelques années en France et dans le monde. Fever a d’ailleurs déjà un festival de techno à Bordeaux. Il n’y avait pas de gros festival de rap mainstream sur Bordeaux, ni sur Lyon. C'était donc une opportunité pour nous de s'y installer et de rencontrer un nouveau public, plus localisé.  
 
Pourquoi ce nom : Hypnotize ?
 
Hypnotize, c'est un hommage à toute la culture rap et hip-hop. « Hypnotize », c'est l'un des plus gros hits du rappeur mythique Notorious B.I.G. Ça avait beaucoup de sens dans notre démarche de vouloir développer un festival qui représente une culture qui est forte, avec de l’égo et de l’ambition. 

Pourquoi lancer un nouveau festival de rap en 2025 ?
 
La musique rap est la plus écoutée dans le monde. La France est même le deuxième pays le plus consommateur du genre. Pourtant, il y a peu d'événements et de festivals spécialisés proportionnels au nombre de personnes qui écoutent du rap. Dans le live et dans les festivals grand public, le rap n’a pas une place plus grande que le rock ou l'électro. On veut donc célébrer cette musique en lui donnant la plus grande place possible.

En France, il y a de plus en plus de festivals rap qui voient le jour : Yardland, le Golden Coast, le Grünt, Boomin Fest, Les Ardentes... En tant que nouvel arrivant, comment comptez-vous démarquer  ?
 
Notre plus-value, ce sera l'expérience immersive. L’acteur principal, c'est le rappeur avec son show musical, mais aussi toutes les activités annexes. On met beaucoup d'énergie dans la création en travaillant notamment avec les ateliers de The Hybrid Project qui font de la scénographie pour Tomorrowland ou le Delta Festival. On ramène ces codes de l'électro dans le rap et c'est comme ça qu’on compte réellement se démarquer par rapport aux autres festivals.  

Votre mot d'ordre, c'est de « célébrer la culture rap et le pouvoir de l'imagination ». Concrètement, comment allez-vous tenir cet engagement ? 
 
Il y aura des battles de danse, des battles de break, où le public pourra voter. Des espaces seront aussi dédiés au graffiti. On veut amener le monde du rap dans un monde un peu imaginaire, futuriste. Dès l'entrée sur le site, on rentrera dans le monde de l'Hypnotize. Les structures, notamment celle de la main stage de 12 mètres de haut et de 30 mètres de large, seront équipées d’écrans et de mapping laser. 

Quels sont les enjeux de cette première édition ?
 
Il faut se faire connaître et s'imposer sur le territoire local. On est un festival de taille moyenne et notre audience viendra des alentours. Le plus important est de fédérer le public autour de Lyon et de Bordeaux et de les fidéliser pour faire en sorte qu’ils reviennent sur les prochaines éditions. L’ambition à terme étant de toucher une cible plus nationale. On se force à avoir des prix très attractifs. On a des prix d'entrée moins chers que la moyenne en France sur ce genre d'événement. 
 
Comment le festival est-il financé ? 
 
Le financement vient de Fever, la société de production, et nous travaillons aussi avec du sponsoring. Nous n'avons pas de subvention.
 
Qu'est-ce qui motive vos choix en termes de programmation ? 
 
Pour avoir une bonne programmation, il faut qu’elle soit éclectique. Dans le rap, il y a plein de scènes différentes. Il faut forcément des grands noms pour attirer le public, mais pas que. On ne voulait pas faire que du gangsta rap ou que du rap de niche. Il y aura donc autant Booba que Meryl, et autant Jok’air que Maureen. Des gars comme Edge ou Souffrance sont aussi moins mainstream et ça nous tenait à cœur de les mettre en avant. On voulait avoir un panel assez large pour que le festival soit une expérience qui ne se ressemble pas d'un concert à l'autre. 
 
Les deux premières dates, à Lyon, approchent. Quel bilan faites-vous du remplissage ?
 
Je pense que c'est comme pour tous les festivals. Il y a eu une grosse vague au début des premières annonces, et il y en aura une deuxième quand on se rapprochera de la date. Il ne faut pas oublier qu'on est un festival de ville et beaucoup achètent au dernier moment. On est impatient de présenter le projet.

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