Angie : « Avant la scène, j’ai le cœur qui bat la chamade »

  • Propos recueillis par Thibaud Hue
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Le 8 juillet prochain, Mosaïque vous invite à son premier événement, « L’Antidote », avec ÉcouteMeuf. Un moment à vivre à La Flèche d’Or dans le XXe arrondissement de Paris. Aux côtés de Nayra et de Timéa, la rappeuse Angie sera sur scène. Alors pour l'occasion, nous sommes allé·e·s rencontrer l'artiste avant l'un de ses shows à la Marbrerie pour mieux la connaître. 

Angie, tu seras sur scène le 8 juillet pour notre événement « L’Antidote » en partenariat avec ÉcouteMeuf. Tu as déjà joué de nombreuses fois devant du public. Quel est ton premier souvenir en la matière ?

C’était à quatre ou cinq ans. Il y avait une comédie musicale dans ma ville avec du chant, du théâtre, de la danse… Ma mère m’a inscrite et j’y suis restée jusqu’à mes 16 ans. C’était trop bien. Quand j’ai dit à ma daronne que je voulais chanter sur une scène, elle devait se dire : « Mais wesh, le bébé il veut pas danser avant ? » Tous les autres petits voulaient être derrière, moi tout devant : « Qui veut un micro ? Moi ! » [rires]. Je m’en rappelle comme si c’était hier. Il y avait une représentation devant les parents et c’est là que j’ai rencontré pour la première fois un public. Ensuite, ma vraie première scène était la première partie d’Yseult au Stereolux à Nantes. Incroyable. Il y avait 500 personnes.

Tu étais très jeune à l’époque, mais tu avais déjà un intérêt naturel pour le son ?

Oui, ma mère écoute beaucoup de musique et elle a fait beaucoup de concerts, même quand elle était enceinte ! Elle regardait des lives à la télé de Destiny’s Child, Lauryn Hill, et je voyais quelle était trop heureuse de voir ça. C’est comme ça que je me suis dit que c’était fait pour moi. 

Photographie de la rappeuse Angie

© Héloise Z.V / Mosaïque Magazine

À quel moment as-tu commencé à concrètement t’investir dans la musique ?

D’abord, j’écrivais des chansons quand j’étais en primaire. Je me rappelle, lors d'une séance de sport, j’avais dit à mon maître que j’avais écrit une chanson. Alors, il avait fait asseoir tout le monde et il avait dit : « Elle a une chanson à vous chanter ! » J’ai toujours aimé écrire. Au collège, tu as le temps de te désintéresser des cours, du coup j’écrivais à fond. Au lycée, j’ai pu rentrer en studio pour la première fois. C’était à Quimper, en octobre 2018. Quand j’ai entendu ma voix, j’étais choquée. J’ai dit : « C’est cool ça, on fait quoi maintenant ? Une autre ! » J’attendais que ça, il fallait pas me le dire deux fois.

Tu avais déjà un entourage musical à l’époque ?

Quand j’étais en Bretagne, pas du tout. Je faisais mes trucs dans ma chambre, j’avais rien pour enregistrer. Et petit à petit, je me suis fait des amis qui faisaient du son. Après, je suis allé à la fac à Nantes. J’ai fait une « tentative » de licence d’anglais [rires], et j’ai pris la route de la musique. J’ai rencontré Delho qui avait un studio et qui faisait du son chez lui. On a enregistré super vite et l’album est sorti dans la foulée. 

Photographie de la rappeuse Angie et de sa manageuse Lola Levant

© Héloise Z.V / Mosaïque Magazine

Tu as dévoilé ton premier projet December 8th en 2019. Un disque aux tonalités R'N'B dans lequel tu chantes en anglais et en français. Pourquoi ce choix ?

À l’époque de December 8th, je n’écrivais presque jamais en français. L’anglais était beaucoup plus fluide. Ça mettait une distance avec le public. J’avais le cœur brisé, « so I needed to get it out ! » Au moins les gens comprenaient moins, je me sentais protégée. J’ai réussi à me débloquer ensuite et j’apprécie beaucoup plus écrire en français aujourd’hui. Je trouve les mots justes, j’image mieux ce que je ressens et je n’ai pas voulu brusquer le truc, même si on me le demandait. En tout cas, j’ai toujours le cœur brisé ! Ces derniers temps en studio, j’ai fait du R'N'B et mon prochain son sera dans cette vibe. J’ai toujours cette double casquette.

Les artistes en développement préfèrent d’abord proposer des projets courts pour pouvoir se présenter au public. Tu as choisi un format plus long. Pourquoi ? 

On n'était pas du tout dans des stratégies. J’avais besoin de me soulager et de chanter. C’est vraiment tout ce qui comptait. Et au bout d’un moment, on s’est juste regardé et on s’est dit : « Bon bah on le sort ! » On voulait faire un EP à la base, mais ça commençait petit à petit à basculer vers un album. Donc on a quand même calmé le jeu avec dix titres.

La pochette de December 8th de Angie

La pochette de December 8th.

Après December 8th, tu as fait une longue pause jusqu’à la sortie de ton single « Briller » l’année dernière. Que s’est-il passé entre-temps ?

Ça s’est très mal passé avec ma première manageuse. On n'a rien sorti pendant un an alors qu’on avait fait plein de morceaux. J’étais rentrée dans une mentale où ça me soulait. Donc, quand ça s’est terminé avec elle, j’ai pris un step back. Je ne voulais pas me dégoûter de la musique et je me suis laissée vivre un peu. Je pensais aussi qu’avec un peu de chance mon cœur allait se refermer, mais en fait non…

Jusqu’ici, Angie ne rappait pas encore. Pourquoi ?

Je faisais du son avec des gars qui ne me laissaient pas vraiment rapper. Je faisais du miel, du R'N'B et voilà quoi. Alors que je voulais aussi m’énerver. Il y avait des prods rap, mais ils se les passaient entre eux et je regardais ça de loin. Un jour, il y avait une session pendant un séminaire et ils faisaient un feat à deux ou trois. Moi, j’avais écris un petit couplet rap, un petit seize, mais j’avais peur de le dire donc je ne l’ai jamais montré. Depuis, je suis sortie de cet environnement-là. Je me suis détachée de ces gens. Je me rappelle, c’était un mardi et je me suis dit : « C’est bon, ils sont plus là, donc on va rapper ». J’ai pris cette décision et un truc génial s’est passé… [Elle montre du doigt Lola Levent, sa manageuse].

Photographie de la rappeuse Angie

© Héloise Z.V / Mosaïque Magazine

Comment vous êtes-vous rencontrées ?

Lola Levent : Lors d'un summer camp près de Nantes, dans les studios de Trempo, qui proposait un truc pour les meufs qui rappent. Angie m’avait envoyé un freestyle et je me suis fait : « Quoi !? » Cet événement est le premier truc qu’on a fait ensemble. C’est moi qui suis venue la voir la première fois. J’avais écouté son projet et le morceau « Un ou deux » très souvent. Mais elle avait déjà une manageuse et puis elle ne sortait plus de son donc je l’avais unfollow… [rires].

Angie : Ah mais oui tu m’avais unfollow wesh !

Lola : Bah j’étais en mode scout tu vois… Et un jour, j'ai appris que ça se passait mal avec sa manager. Du coup, je l’ai appelée le lendemain. Je savais qu’elle avait un potentiel de ouf. Et le rap ça a mis un coup d’accélérateur dans le projet.

Le morceau qui matérialise ton retour et cette nouvelle page artistique c’est ton single « OK ». Comment l’as-tu crée ?

Le producteur Sutus avait envoyé des prods à Lola. J’ai mis un casque et j’ai pris le métro. J’entends la dinguerie et hop, j’ai sorti mes notes. Et de la porte des Lilas jusqu’à Montparnasse, j’ai écris le morceau d’un coup. Il est resté quelques semaines dans mon téléphone puis je suis allée en studio avec Sutus et je l’ai posé.

Des courant musicaux t’inspirent-t-il en ce moment ?

Quand j’étais avec mon ancien entourage, la drill commençait. Je voulais essayer, mais je n’avais pas le droit. Alors plus tard, j’ai mis une story pour réclamer des prods et celui qui a fait l’instru du morceau « Nouvel Anthem » m’a répondu : « Même des drill ? » J’ai dit : « Envoie seulement ». Quand il a entendu le son pour la première fois en entier au FGO Barbara, il était choqué.

Photographie de la rappeuse Angie

© Héloise Z.V / Mosaïque Magazine

Et qu’est-ce que tu as dans ta playlist en ce moment ?

J’écoute tout ce qui sort. J’ai beaucoup saigné Rouhnaa, Makala, OG GOLD, la new wave… J’ai juste pas encore écouté le projet de So La Lune. J’écoute aussi toutes les artistes DIVA. Lazuli, Joanna, Lou CRL… J’ai quelques exclus en plus. Sinon, j’adore Dreezy & Hit-Boy, surtout leur titre « 21 Questions ». Hors rap, beaucoup de Sabrina Claudio et Amy Winehouse bien sûr !

Le 8 juillet, tu seras sur scène avec Nayra et Timéa pour notre évènement « L’Antidote », organisé avec ÉcouteMeuf. Comment appréhendes-tu cette soirée ?

Ça va être trop lourd. Nayra ça fait pas très longtemps que je la connais. Timéa un peu plus, on se croise souvent en soirée. Je les aime trop, elles sont trop fortes. C’est mes go wesh ! Avant la scène, j’ai toujours une petite excitation. J’ai le cœur qui bat la chamade et après ça passe. Ma passion, c’est vraiment de faire le show, depuis toujours. C’est ce que je préfère. J’adore parler au public, c’est vraiment un partage. J’aime raconter ma vie, j’aime ça. Un jour peut-être à Londres ou à Manchester ? Oups, je l’ai dit.

Qu’est-ce que tu comptes jouer sur scène ? Dis-nous en plus…

C’est pas encore sorti mais je vais faire « DLB », j’aime beaucoup ce morceau. Il a été trop galère à mixer, j’étais à deux doigts de l’abandonner. Il y aura aussi le titre « Ford Mustang » que je n’ai pas sorti non plus. C’est une grossière chronologie de mon état d’esprit depuis le début. Je me suis fait briser le cœur, j’ai fait confiance aux mauvaises personnes, jusqu’à ce que je me remette bien pour aller à fond vers mes objectifs. 

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