La Fève à l’adidas arena : « On voulait un artiste iconique pour commencer »

  • Propos recueillis par Victor Dimitrov
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Ce jeudi 11 avril, La Fève inaugure une toute nouvelle salle de concert du paysage parisien : l’adidas arena. Située à Porte de la Chapelle, dans le 18e arrondissement, cette scène compte devenir un passage incontournable pour les rappeurs et les rappeuses. Arnaud Millard, directeur de la programmation et de la billetterie du groupe Paris Entertainment Company, pour l’Accor Arena, le Bataclan et désormais l’adidas arena a répondu à nos questions.

Est-il vraiment utile d’ouvrir une nouvelle salle de concert à Paris ? 

On est à une période où les concerts marchent bien, mais il manque cette jauge intermédiaire de 8 500 personnes [Le Zénith plafonne à 6 800 et l’Accor Arena à 20 000]. Il y a un trop grand écart entre le Zénith et l’Accor Arena. On vient le combler.

Les salles parisiennes ont souvent une identité forte. Quelle image souhaitez-vous développer pour l’adidas arena ?

On a un positionnement assez street, urbain. C’est à cette direction artistique qu’adidas a adhéré. Il y aura de la street-food, une décoration underground, bétonnée, avec du street-art un peu partout… Le but, c’est de s’ancrer dans le quartier. Cela s’inscrit dans un plan d’aménagement du territoire plus global, dans une zone qui va connaître un vrai engouement dans les prochaines années. Notamment avec la création d’un campus universitaire. Le projet s’adresse avant tout aux habitants : deux gymnases seront ouverts 7 jours sur 7 pour les jeunes des écoles aux alentours. Il y aura aussi des spectacles, des activités sportives, et une terrasse de 1 500 mètres carrés. On souhaite que ce lieu soit un point de rendez-vous, qui ne se limite pas aux concerts.

Photographie de l'adidas arena, vue du ciel

© Nicko Guilhal

Avez-vous choisi cette identité car l’on sait que le public rap se déplace aujourd’hui ?

Le public rap se déplace, certes, mais surtout pour voir son artiste. Ce qu’il faut, c’est que les rappeurs aient envie de venir jouer dans notre salle, et le public suivra. 

La Fève va inaugurer la salle ce jeudi 11 avril. Pourquoi lui ?

Dans la programmation, il y aura de tout. Du rock, du métal, de la musique française… Mais on voulait avoir un artiste iconique du rap français pour commencer, puisque c’est une culture que l’on souhaite représenter. Un jeune artiste comme La Fève, qui monte vite et fort, c’est parfait. Ça s'inscrit parfaitement dans notre positionnement.

Comment avez-vous réagi au remplissage de son concert ?

En toute honnêteté, je ne pensais pas que ce serait aussi fort que ça. C’était impressionnant. C’est génial de se dire que tout a été sold out en une dizaine de minutes, sans que le public connaisse la salle. Ça nous a confirmé qu’il y avait bien une place pour cette nouvelle configuration.

Avez-vous pensé à organiser une deuxième date ?

Quand ça part très fort comme ça, l’organisateur se pose forcément la question. Mais en discutant avec l’équipe de l’artiste, on a compris que ce ne serait pas le cas. En tout cas, ça peut lui servir d’exemple pour mieux se positionner sur les autres dates de sa tournée et des festivals.

Photographie du rappeur La Fève, un micro à la main

© Lia Goarand / Mosaïque Magazine

Comment souhaitez-vous que les rappeurs et les rappeuses prennent possession de la salle ? 

On est hyper modulables, afin de répondre à tout type de demandes. C’est une arena en 360 degrés. On peut installer une scène centrale, jouer avec les gradins, avec les balcons, faire des entrées complètement aléatoires… C’est très adaptable ! On sait que les artistes émergents ont plein d’idées. Notre but, c’est de les accompagner.

Une étape avant l’Accor Arena ? 

Exactement. L’Accor Arena, c’est souvent l’aboutissement d’une tournée, avec pas mal d’invités etc. Notre jauge de 8 500 personnes va sûrement devenir cette étape pour beaucoup d’artistes qui ne peuvent pas se permettre Bercy.

Cette nouvelle salle permet-elle des innovations scéniques ?

Déjà, ce qui est faisable à l’Accor Arena en termes de décorations l’est aussi dans l’adidas arena, même si la salle est plus petite. Le vrai point fort, on va le voir au concert de La Fève, c’est le côté compact. La fosse est prolongée par un gradin, avec deux couronnes latérales qui la rejoignent. Ça crée une vraie proximité, la sensation d’être dans un chaudron. Les artistes vont avoir l’impression de jouer dans un club, alors qu’il y aura plus de 8 000 personnes.

À qui faut-il s’attendre pour la suite ? 

On a des projets de plateaux multi-artistes rap qui se développent, et des collaborations entre rappeurs, comme Dadju & Tayc l’ont fait à Bercy. J’ai l’impression que ça devient de plus en plus commun dans le rap français. Zola et Koba LaD, c’est sûrement le meilleur exemple. Ça risque de donner des idées à d’autres !

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