Steban : « Je veux apporter un vent de fraîcheur »

  • Propos recueillis par Meryem Benyahia
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L’accent chantant, l’air décontracté, le sourire aux lèvres… Steban est de ceux dont la bonne humeur est communicative. Celui qui s’est fait connaître en 2015 avec un titre solo sur le premier volume de Capo dei Capi d’Alonzo revient sur le devant de la scène avec la mixtape MODE SPORT 2 pour tenter de passer un cap. Mosaïque s’est entretenu avec l'éternel rookie Marseillais.

En 2015 tu étais présent sur le premier volume de Capo dei Capi. Qu’est-ce que ça a pu représenter pour toi ?

J’étais honoré et c’était une vraie opportunité pour moi d’être exposé à un niveau plus national. C’était aussi la première fois que je tournais dans un clip aussi produit avec du budget et des moyens.

Il y a quelques années, tu parlais de l'importance des Psy 4 De La Rime. Est-ce un groupe qui continue de t'inspirer ?

Plus tellement. C'est surtout une inspiration de jeunesse étant donné qu’on vient du même quartier à Marseille. C’était une fierté pour nous. Mais, finalement, ça n'a pas influencé la manière dont j'ai mené ma carrière par la suite et la musique que je fais aujourd'hui.

Avant de commencer ta carrière en solo, tu as été dans le groupe Lygne 26.  Qu’est-ce que tu en as tiré comme leçons ?

Le partage, dans le bon comme dans le mauvais. Être dans un groupe, c’est aussi faire des concessions. Je compare souvent ça à une expérience en colocation où tu apprends autant sur toi que sur les autres. C’est un apprentissage de la vie.

Le rappeur Steban à genou avec une capuche

© Fifou

En 2015, tu as aussi fait le choix de ne pas signer avec des labels. Pourquoi ?

Parce que j’avais une direction artistique bien définie dans ma tête et qu’il y avait des désaccords sur le sujet avec les labels qui m’ont approché à l’époque. Ils voulaient me placer sur des créneaux artistiques qui ne m’intéressaient pas. J’avais mes convictions et il était hors de question que je change mon univers.

Tu es aujourd’hui signé en label chez SPKTAQLR. Ta mentalité a évolué sur la question ?

C'est un label rap reconnu dans le milieu et en phase avec mes convictions. Oumardinho, le fondateur, est une personne avec qui j’avais déjà travaillé et que je connais bien. Je savais que ça allait marcher avec lui et que j’intégrais une super équipe. Pour mon nouveau projet, j’avais carte blanche sur la direction musicale et il n’a jamais été question de me brider sur quoi que ce soit. On a créé les morceaux dans une ambiance familiale et conviviale, que ce soit avec les équipes du label ou leurs artistes comme Dinos ou Dosseh qui n’étaient jamais loin pour nous conseiller.

D’où la présence de Dinos et Dosseh en featuring sur ce projet ?

Ils passaient assez souvent en studio et quand j’ai entendu la prod des morceaux en question, j’ai tout naturellement pensé à eux. J’avais déjà fait plusieurs featurings avec Dosseh, dont certains ne sont pas encore sortis. 

Le rappeur Steban devant une voiture

© Fifou

Il y a aussi d’autres featurings : Zamdane, La Fève, Kay The Prodigy, ASHE 22 et Skefre. Pourquoi ces artistes ?

Zamdane et La Fève, ce sont deux artistes avec qui j’ai fait de très beaux morceaux dans le passé et avec qui je m’entends très bien. Entre nos premières collaborations et ces deux nouveaux featurings, leur carrière respective a pris une grande envergure. Le son en featuring avec ASHE 22, je l’avais imaginé comme un morceau solo. Puis, en le travaillant, je me suis dit que ça correspondait bien à son ADN. Pareil pour Skefre. Kay The Prodigy est une artiste que j’ai découverte il y a deux ans et je me suis dit qu’elle pouvait apporter cette touche féminine que j’aime bien dans sa musique. Pour tous ces artistes, il y a le critère artistique mais aussi le critère humain.

Certaines prods sont composées par Lyele que tu connais depuis le début de ta carrière. Est-ce que tu peux nous parler de votre relation ?

Lyele, c'est un compositeur que j’ai rencontré suite à mon refus de signer en maison de disque, après Capo Dei Capi. Depuis, on a fait pas mal de chemin ensemble vu qu’on est tous les deux originaires du Sud. Il a quasiment tout produit sur le premier volume de Mode Sport. C’est devenu mon frère en plus d’être un partenaire musical. On est de grands fans de trap music et de rap-jazz. Ce sont des terrains de jeu sur lesquels on se retrouve.

Tu as réussi à te positionner très vite sur la nouvelle génération en misant sur La Fève ou Zamdane dès 2021. Tu avais le flair ?

Musicalement, ils m'ont beaucoup inspiré, même si on n’est pas de la même génération. Ils ont apporté un vent de fraîcheur et j’étais dans une démarche de nouveauté avec Lyele. C’est pour ça qu’on s’est retrouvés dans ces artistes qui voulaient se mélanger et partager au maximum.

Le rappeur Steban devant un mur rouge

© Fifou

MODE SPORT, qu’est-ce que ça signifie pour toi ?

C’est une mentalité pour dire au public : je veux apporter quelque chose de neuf et auprès d’un public plus large. Le premier volume de Mode Sport a été très bien reçu, mais par un public de niche. Il faut maintenant remettre cette marque en avant avec un volume 2. C’est une évolution. Pour ce projet, je me suis aussi inspiré de mes doutes, de mes ambitions et de mon quotidien.

Dix ans plus tard, une partie du public te perçoit toujours comme un rookie. Qu’en penses-tu ?

Je n’ai peut-être pas encore franchi le cap nécessaire pour ne plus être estampillé comme ça. Et avec MODE SPORT 2, l’ambition est de dépasser ce plafond de verre que je n’ai pas su briser auparavant. Je pense aussi que j’ai cette image parce que j’ai la volonté de faire une musique fraîche, de constamment la renouveler et de ne jamais me reposer sur mes lauriers. À partir de là, je pense que je serai toujours un rookie.

Au-delà de la musique, tu es un féru de mode. Comment est née cette passion ?

J’ai toujours aimé être bien habillé et avoir un style qui se détache des autres. C’est de là que mon intérêt pour la mode est né et je continue de m’y intéresser aujourd’hui. Je regarde certaines collections.

Tu as aussi posé pour Cortez. C’est un exercice qui te plaît ?

Je me l’autorise de temps en temps. J’ai découvert Cortez en 2019. À la base, j'étais juste un client. La connexion s'est faite sur Instagram. J'ai posté une photo de moi avec la marque et Clint [Le fondateur] a commenté à l'époque. Il m'a ensuite proposé de faire un clip sur Marseille et j'ai accepté. On a aussi fait d’autres shootings pour la marque.

Quel est ton rapport à la scène ?

Je kiffe. C'est une expérience différente du studio et c'est là que je comprends la dimension que peut prendre ma musique. J’aimerais bien faire une tournée dans toute la France. En tant que Marseillais, la consécration serait de faire Le Dôme. J’ai l’espoir qu’on pourra me voir sur quelques dates cet été ou à la rentrée.

Un mot de la fin ?

Big up à tous les lecteurs et lectrices de Mosaïque et allez écouter MODE SPORT 2 [rires].

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