Frapcore : quand le rap fait danser les adeptes de rave

  • Écrit par Victor Dimitrov
  • Date

Bien qu’acteur·trice·s de la scène techno hardcore, de nombreux·ses DJ ont grandi avec du rap dans les oreilles. Pour elles et eux, reprendre leurs morceaux préférés est une évidence qui crée un cocktail détonant. Un mélange qui séduit les amateur·trice·s de soirées rave et qui rapproche deux milieux qu’on a toujours voulu opposer. À Pantin, nous avons rejoint, le temps d’une nuit, celles et ceux qui s’écorchent la voix sur du frapcore. 

À 2 h du matin, les lumières de la salle s’éteignent et plongent le public dans le noir. Avec fracas, la voix de Kaaris résonne dans l’enceinte du Nexus, club rave de Pantin. Les murs vibrent, la foule aussi. Derrière leurs cris, les spectateur·trice·s entendent en exclusivité un remix d’« À La Barrière », issu d’Or Noir Part 2. Ce 19 janvier, environ un millier de personnes ont bravé le froid glacial de l’hiver et les trottoirs verglacés des rues pantinoises pour scander les textes des rappeur·se·s présent·e·s sur les compositions de Von Bikräv. 

« On est venues spécialement pour lui. » Ce soir, pour fêter le premier anniversaire de son label 20CONTRE1, le compositeur est en terrain conquis. Au programme pour le célébrer : huit heures de set assurées par plusieurs DJ de 23 h à 7 h du matin. Églantine et Jeanne sont des habituées. Elles viennent régulièrement pour danser au rythme de la musique de Von Bikräv. Elles le découvrent en 2020, avec son remix du « Freestyle Chiciiiiiii #6 (Jean-Luc Mélenchon) » du rappeur Fadoo et deviennent fans. Déjà amatrices de rap, elles sont rapidement séduites par la proposition. Von Bikräv excelle dans le frapcore, contraction de « french rap » et « hardcore ». 

Photographie de deux personnes qui s'embrassent lors d'une soirée de frapcore

© Lia Goarand / Mosaïque Magazine

Cette rencontre musicale peut surprendre, mais elle était tout à fait logique pour le producteur : « J’étais le DJ du groupe de rap de mon lycée, à l’époque où ils avaient encore besoin de nous », s’amuse-t-il. Quelques dizaines de minutes avant de monter sur scène, assis sur un canapé des loges, il se dit un peu stressé, mais n’en laisse rien paraître. L’artiste sait gérer la pression, membre hyperactif de cette scène depuis quelques années : « Quand à l’époque de la trap, le rap est redevenu une musique de club, j’ai commencé à penser à des remix. Internet a fait sauter plein de barrières, des micro-scènes se sont connectées et les scissions qu’il y avait entre les mondes de l’électro et du hip-hop se sont effacées. Ça, on l’a toujours revendiqué. » 

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