Tu as choisi d’être rare jusqu’à présent, c’est ta première interview. Pourquoi ce choix ?
Pour des raisons personnelles. J’ai envie d’en faire à l’avenir, de me raconter un peu plus. Je voulais améliorer mon image avant de faire des interviews, aujourd’hui on peut commencer.
Tu peux nous expliquer ton nom : « Nono La Grinta » ?
Mon prénom c’est Noé, et « La Grinta », c’est la rage, littéralement. Je la ressens depuis ma naissance. Je voulais trouver quelque chose autour de ce sentiment, mais je ne trouvais pas quoi. Un pote m’a dit : « la grint », ça part de là. Je veux avoir le plus de détermination possible dans ce que j’aime faire. Depuis petit, il n’y a que la musique qui me passionne.
Tu as commencé avec le NJK gang, un trio devenu duo. Quel souvenir gardes-tu de cette expérience en groupe ?
C’est mes sanchos, mes frères, on a commencé ensemble. Petit à petit, j’ai eu envie de continuer. Ils avaient leur vie privée, leurs trucs à faire, et moi j’ai poursuivi sans jamais lâcher. J’ai sorti un son en solo, « On va les faire », que les gens ont kiffé de ouf. Le clip a pris d’un coup et il est monté jusqu’à 500 000 vues sur YouTube. Je me suis dit qu’il y avait un truc à faire.

Nono La Grinta devant l'obélisque de la Concorde à Paris © Streetchiwa / Mosaïque Magazine
Tu viens du XIXe arrondissement, un sujet récurrent dans ta musique. Qu’est-ce que tu aimes dans ce quartier ?
C’est mon hood, la base. J’ai toujours habité là-bas. J’aime la vie, l’atmosphère, mes potes. Les gens du XIXe sont de bonnes personnes. On est tous solidaires entre nous, petits ou grands. Je compte y rester mais le jour où j’ai un gros billet, je me casse de la France. Je ne veux pas mourir là où je suis né, il faut viser plus haut.
À quoi ressemblait ton enfance dans ce quartier ?
Pour être honnête, j’allais à l’école et je vendais de la drogue. Rien d’autre. J’étais content parce que j’avais plus d’argent que les gens de ma classe. Même si je travaillais bien, je n’ai jamais aimé les cours. Il n’y avait pas d’argent à se faire et c'était ennuyant. J’ai arrêté l’école en seconde, dès que les vues ont commencé à monter et que les maisons de disque m’ont approché.
Le deal, la musique, l’école… Tu as été confronté à des sujets sérieux dès l’adolescence.
Oui. Ça ne m’a rien fait le jour où on m’a proposé une avance. J’ai quand même niqué mon argent, mais je savais gérer un minimum.
Qu’est-ce que tu écoutais quand tu étais jeune ?
Pas mal de sons français comme Koba LaD, Heuss L’enfoiré, Ninho, Booba, Zola, Kodes… J’écoutais tous les locksés. J’ai toujours été ouvert à tout, mais je suis plutôt branché States : Migos, Chief Keef, King Von, Lil Durk, Lil Baby, Ian, Playboi Carti, Kodak Black... Tout petit, j’écoutais Michael Jackson et Katy Perry, ou même des sons du Nigeria. Je me suis fait cette culture tout seul parce que ma famille n’est pas dans la musique. Mon père est un catcheur-boxeur, rien à voir. Mais on est Congolais, la musique glisse dans le sang. Ma mère, elle, est Égyptienne-congolaise.
Tu aurais un rappeur du XIXe à nous conseiller ?