Heskis : « À Nantes, on arrive à un vrai changement »
Je vis à Nantes depuis 2015. J’étais membre de 5 Majeur avec Nekfeu et Fixpen Sill. J’ai fait mes armes à Nantes dans la rue, les freestyles sauvages à dix sur une enceinte portable, à Radio Prun’ et dans les open mic du bar le Canotier. Mais, avec mes gars, on passait surtout notre temps au studio de Vidji, à Saint-Herblain, à quelques kilomètres de Nantes.
Pendant très longtemps, tout le monde était dans son coin et personne ne se mélangeait dans cette ville. C’était très éloigné de l’état d’esprit de Rennes où quasi tous les rappeurs collaboraient entre eux et s’invitaient sur des tracks ou des scènes communes. Ici, c’était chacun pour soi pendant très longtemps. Que des guerres intestines d’ego qui n’ont permis à personne de sortir du lot. Mais je crois qu’on arrive à un vrai changement. Les nouvelles générations amènent une nouvelle énergie et beaucoup d’artistes se fédèrent autour de catalyseurs locaux comme le studio Krumpp.
Je pense malgré tout que Nantes restera toujours une scène moins exposée parce que toute l’industrie est centrée à Paris. Labels, médias, studios… C’est là-bas que tout se trouve. Même si maintenant, avec Internet, on s’en fout d’où tu viens. Tu peux péter sur YouTube même en venant du fin fond du bled le plus paumé du territoire. Coelho est en train de prouver de très belles choses au niveau national et je pense que ce n'est que le début. Si on doit parler de talents plus émergents, il y a des gars comme Litviee, Routs Wayne et IPNDEGO qui sont archi bouillants et que vous devriez suivre de près.
Le rappeur Heskis
Terence : « Le rap, c'était principalement les open mics »
Je suis arrivé à l’âge de trois ans à Nantes, c’est comme ma ville natale. Je rappe depuis 2017 et j’ai sorti quatre projets dont Prince Noir en 2020 et Jeune Prince en 2019. Pour moi, le rap à Nantes a été principalement animé par les open mics ces dernières années, notamment par ceux organisés par Le Fil Rouge [une association nantaise]. C’est d’ailleurs au sein de ces événements que j’ai fait mes armes sur du boom bap. Je pense aussi que des salles de concert comme Le Ferrailleur et le Stereolux sont très importantes pour nous, rappeurs. J’ai pu y faire les premières parties de Lorenzo et Sofiane qui sont des souvenirs forts pour moi.
À Nantes, on est très fier d’Hocus Pocus et du leader du groupe 20syl. C’est l’emblème de la ville en termes de rap. Il a produit pour de grands rappeurs et il a percé à l’échelle nationale avec C2C. Je pense aussi que la scène nantaise est plus complète aujourd’hui. La ville a toujours été axée sur l’électronique et la techno dans le passé, mais, maintenant, on voit de plus en plus de gens s’orienter vers le rap. Les rookies sont nombreux et on a envie de se montrer.
Don Max & FullBaz : « Le studio Krumpp, c'est une super nouvelle »
FullBaz : J’officie dans la musique depuis le début des années 2010. Avec Don Max, je forme le duo Doo Boyz. Le rap vit à Nantes grâce aux nombreux événements comme le Hip Opsession, les concerts au Ferrailleur et le studio Krumpp qui vient de voir le jour. Ça va amener une aura positive.
Don Max : L’arrivée de ce nouveau studio est une super nouvelle pour le développement du mouvement rap dans la ville. On a un super ingénieur du son et on voit déjà beaucoup plus de rappeurs se rassembler.
FullBaz : Je vois Nantes comme une scène assez éclectique mais sans vraiment de tête d’affiche. Si tu me demandes un mec qui a pété je ne pourrais pas t’en citer objectivement. Par contre, il y a des rappeurs comme Coelho, Heskis ou Vadek qui peuvent faire parler d’eux à l’avenir.
Don Max : Et en termes de technique, même si je suis proche de lui, je pense que Fullbaz est le meilleur à Nantes. C’est aussi dans cette ville que j’ai beaucoup de souvenirs de rap. J’ai fait des premières parties qui m’ont marqué comme celle du Panama Bende. C’est comme ça que j’ai rencontré des gars comme Sheldon dont je suis proche aujourd’hui.