Indépendance : la tribune de Mohamed Ali
Si la maison Foufoune Palace rayonne et inspire, c’est grâce à ses fondations solides. Pour ses membres, l’indépendance résonne comme un mode de vie, un besoin presque primaire et un rempart face aux secousses fourbes de l’industrie musicale. Dans une tribune, Mohamed Ali, dit Mo’, le label manager de Foufoune Palace, nous livre sa recette de la liberté. Pour tous ceux et celles qui croient en leurs idées.
« Il est essentiel de rendre hommage à tous les labels indépendants qui nous ont précédés en leur redonnant leurs lettres de noblesse. Cette génération de structures indépendantes a dû évoluer dans un contexte moins favorable, avec une notion de risque bien plus élevée.
Si je devais synthétiser et vulgariser l’essence de l’indépendance en une phrase, ce serait celle-ci, car elle explique de manière succincte cet état d’esprit. Selon moi, sa compréhension peut être décomposée en deux axes majeurs. Le premier vise à minimiser les intermédiaires autant que possible, tandis que le second suggère de réinvestir entièrement afin de recréer de la valeur.
Éliminer l’intermédiaire ?
L’indépendance incarne l’autosuffisance. C’est d’une importance capitale dans le développement de toute structure. Il existe une réalité où un groupe restreint, uni autour d’une cause, peut opérer de manière libérée et insubordonnée, piloter ses projets sous toutes les facettes, s’organiser afin d’acquérir un savoir-faire, et finalement ériger un socle solide, synonyme d’une économie autosuffisante.
Attention ! Je ne suggère pas qu’il faille ignorer systématiquement les sollicitations de collaborations externes. Il est simplement impératif que ces dernières s’inscrivent dans une logique d’expansion, sans compromettre votre intégrité.
Ces partenariats doivent célébrer et respecter votre expertise et vos connaissances intégrées. Le concept de l’indépendance atteint parfois un plafond de verre. Les limites peuvent être d’ordre financier, il peut s’agir de lacunes en matière de personnel ou de la recherche d’un nouveau savoir-faire. Des raisons qui donneraient du sens à vos éventuelles alliances.
Il s’agit ainsi d’avoir un partenaire qui vous valorise, et pour cela, il faut créer un effet de levier. Il y a une phrase très simple pour matérialiser cette pensée :
Quels sont donc mes arguments de négociation, et comment tourner le rapport de force à votre avantage ? Votre effet de levier doit être créé avant de vous asseoir à la table. Il s’agit de la période de « musculation », ou du « practice », c’est au choix en fonction de votre sport de prédilection.
Toute cette période où vous avez fait sans eux, où vous avez réussi sans eux, compte énormément au moment où vous rencontrerez peut-être celle ou celui qui croit en votre équipe et mise sur vos projets. Dans le meilleur des mondes, ce partenaire n’est pas seulement un intermédiaire. C’est lui qui intègre votre équipe, pas l’inverse.
L’entrepreneuriat !
L’entrepreneuriat est l’acte de créer de la valeur. Pour cela, il vous faudra puiser dans vos ressources. Cela peut se matérialiser soit par le réinvestissement, soit par la recherche d’un nouveau partenaire qui vous donnera l’accès à un type de ressources inédit.
Cette logique d’expansion doit s’accompagner d’une notion de prise de risque et de spontanéité. La même spontanéité avec laquelle vous devez faire votre musique. Dans ce domaine, il s’agirait d’être hypersensible à ce qui se passe autour de vous. Il n’y a pas de chemin conventionnel ni de plan qui prévoit le succès. La réponse est souvent dans l’authenticité, la spontanéité, la sincérité et la surprise. Votre intuition est votre atout premier, faites confiance à votre instinct.
Un plan conventionnel est généralement très lisible, et vous ne voulez pas que l’auditeur lise dans votre jeu. Vous cherchez encore à le surprendre, par la création mais aussi la commercialisation de vos morceaux. Si vous êtes prévisible, il se peut que vous détourniez l’attention de votre public et que vous perdiez le lien de proximité que vous essayez de développer. Il y a un groupe de personnes qui vous ont choisi et qui ont choisi votre opinion. Vous leur devez donc la version la plus honnête de celle-ci.
Et pour finir, aimez la musique que vous voulez défendre ! »
- Mohamed Ali, dit Mo’, le label manager de Foufoune Palace
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