Critique : TH - « E-TRAP »

Chacune des prises de parole de TH sont fracassantes, les attentes sur l’éclosion d’un nouveau phénomène très lourdes. Les deux premiers « SIGNAL » envoyés par le rappeur de Bondy ont réveillé des observateur·rice·s endormi·e·s et embarqué des auditeur·rice·s déjà fanatiques. L’attitude, les gimmicks, l’image… Tout y est, vraiment ? La sortie de « E-TRAP » sonnait comme une entrée dans la cour des grands, à juste titre ? La critique de Lise Lacombe en accès libre et disponible dans le numéro 8 de Mosaïque.

 

Après plusieurs semaines d’écoute et d’exploitation, il faut le reconnaître, la première mixtape de TH n’a pas produit l’effet prémédité par une industrie rap qui rêvait d’en faire son nouveau game changer. Non, E-TRAP ne semble pas faire naître un mouvement où les robots-chiens prennent le pouvoir. E-TRAP n’a d’ailleurs d'électronique que son nom tant le hurlement de détresse de l’entame du disque brusque nos fibres les plus humaines. L’artiste confirme, pour son premier long format, qu’il n’est pas qu’un style nonchalant mais bel et bien une voix : celle des quartiers de France et des enfants des femmes de ménage.

 

© @idrnz

 

Sur douze titres, les phrases s’étouffent et les prods chancellent, noyées dans l’Absolut. Si la tracklist aurait pu s’affranchir du plus creux « OCHO CINCO », TH nous offre, pour une fois, un jeu égal avec Alpha Wann, à qui il tient tête. Les rythmiques dancehall et jersey du « TERRAIN » et de « CANETTE ENERGISANTE » nous feraient presque oublier l’apocalypse qui se déroule sous nos yeux. Mais au beau milieu des coups de schlass et des anniversaires sans gâteau, TH a laissé traîner un fœtus dont il prend la responsabilité. Avec « PILULE », le Bondynois donne au rap français – masculin – ce qui semble être son premier morceau pro-avortement, balayant ainsi l’horrible et culpabilisant « cordon » de Bigflo & Oli.

 

© @idrnz

 

Qu’une parole masculine profite d’avoir les caméras braquées sur elle pour s’égosiller à dire que « le corps des femmes, c’est pas un jouet », c’est bien ça, le monde de demain. Salut TH, nous, c’est les filles, et merci pour l’e-motion.

 

Retrouve cet article et les autres critiques de la rédaction dans le numéro 8 de Mosaïque.

Lise Lacombe

Cofondatrice et corédactrice en chef de Mosaïque Magazine.

Précédent
Précédent

Frapcore : quand le rap fait danser les adeptes de rave

Suivant
Suivant

Sté Strausz, l’inoubliée inoubliable