Lyele : « J’aimerais pousser la trap à être encore plus big en France »
Keeqaid, thaHomey, JMK$, Steban… À 35 ans, Lyele a déjà collaboré avec la crème du renouveau de la trap francophone. Artisan des projets phares de La Fève, ERRR et 24, le Marseillais travaille son identité sonore depuis plus de dix ans. Avec Baked, il sort sa première mixtape, fruit de ses expériences, ses influences et ses liens tissés avec des artistes comme Tiakola ou encore Kosei.
Tu viens de la région marseillaise. Comment cet environnement a influencé ta musique ?
J’ai beaucoup écouté de rap marseillais mais je ne sais pas si c'est ma première influence, à part IAM. Ils ont été mon Blueprint. J'ai vraiment étudié ce qu’ils ont fait et j'ai voulu refaire la même chose, mais de façon plus moderne. Ça a défini le début de ma carrière professionnelle, quand j'étais avec Steban et tous les autres artistes marseillais. J'ai même rencontré Akhénaton avec qui j’ai discuté.
Quelles sont les sonorités qui ont marqué ton enfance et ton adolescence ?
Mon père écoutait beaucoup de soul, de reggae. Après, j'ai écouté des trucs français comme l'album reggae de Gainsbourg. Ma mère c’était Jean Ferrat, ça m’a marqué. Quand tu écoutes ses compositions et l’outro de ERRR de La Fève, pour moi, it makes sense.
À quel moment as-tu commencé à écouter du rap français ?
C’était à partir de L’école du micro d’argent. Après, j’ai écouté Booba. J'étais très rap américain et, c’est le premier rappeur français à m’avoir mis une bastos, notamment avec le clip de « Repose en paix ».
Tu as gardé les mêmes références aujourd'hui ?
Non, c'est différent… Aujourd'hui, si je devais définir ma musique, elle est vraiment Black music. C’est les sons de diaspora, que ce soit les Afro-américains, les Caribéens, en Angleterre ou autre. Le jazz, la soul, le rap, le dancehall… C'est vraiment ce corps de musique qui m'inspire. Je trouve que le rap français était plus comme ça dans les années 1990-2000. Des mecs comme IAM samplaient toute la Motown, De La Soul… Je me reconnais davantage dans cette époque du hip-hop traditionnel. Quand le rap français a puisé son identité dans un son de variété, je me suis senti moins connecté.
Tu as choisi de travailler en duo pour débuter la production. Pourquoi ce choix ?
T'as vu ça où [rires] ? C'est un gars à moi qui s'appelle Sabrislim. Il compose toujours et il est basé dans le sud. On a commencé à deux parce que c'est lui qui m'a montré comment on faisait de la musique. J'en avais envie, mais j'étais un peu intimidé. Il n’y avait pas tous les moyens et les tutoriels mis à disposition aujourd'hui. Sabrislim m'a grave aidé à mettre mon pied à l'étrier. Il était plus rattaché à la musique électronique avec de la techno de Détroit ou de la house de Chicago. J'adorais les samples et lui aussi, du coup on s'est retrouvés sur ça. On s'appelait The Archeologist ! On diguait des samples pour composer des sons dessus.
Au moment où tu quittes ton duo, quel était le plan pour toi ?
C'était de me mettre à fond dedans. Je voulais vraiment avoir une carrière. Je faisais toujours des trucs samplés mais très trap, comme mes influences actuelles : Shawty Redd, Zaytoven, DJ Paul… Sabrislim était plus dans un autre truc. On faisait plein de choses à deux puis chacun s'est un peu spécialisé dans ce qui nous touche le plus. C’était en 2012 ou 2013, ça s’est fait naturellement.
Tu t’es alors rapproché d’un premier artiste avec qui tu travailles toujours et qui est l’un des guests de ta mixtape : Steban. Comment s’est construite votre relation ?
À la base, son manager cherchait des producteurs. Mon ex, à cette époque, bossait chez Universal et en avait eu l’écho. Elle leur a parlé de moi et c'est comme ça qu'on a connecté. Dès qu'on a fait la première séance, j'ai joué des prods et ils ont grave kiffé. C'est à partir de là qu'on a développé notre amitié. Encore aujourd’hui, c’est mon gars de fou.
Baked est ta première mixtape. Pourquoi maintenant ?
Il y en a eu d’autres mais je ne les ai jamais sorties [rires]. « Rarri » et « Ensemble » étaient dans le projet que j’avais fait avant. Je n’avais pas forcément les moyens, ni les soutiens pour les dévoiler comme je le voulais. D’un autre côté, je suis content de pouvoir révéler ces sons à un moment où j’ai un peu plus de lumière sur moi. Les gens pourront, j’espère, les apprécier à leur juste valeur. Il fallait que je développe ma manière de produire des projets, j’avais plein de choses à apprendre. Je pense que j’aurais été incapable il y a cinq ans de sortir une mixtape comme celle-ci. Quand j’écoute Baked, elle me ressemble à 100 %.
Pourquoi ce titre ?
« Baked » veut dire être défoncé. J'ai toujours eu une espèce de fascination pour les addictions et même pour la drogue dans la musique. C'est quelque chose d’un peu tabou en France. Mais aux États-Unis et dans d'autres pays, il y a toujours eu ce rapport avec les artistes novateurs. À la fois c'est super condamnable et en même temps, on s'inspire de stars incroyables qui sont passés par ces portes. J'ai aussi grandi avec plein de gens différents dont des skateurs. Il y avait une équipe qui s'appelait Baker et ils étaient à mi-chemin entre le skate, le rap et la culture hip-hop, chose innovante à la fin des années 2000. Ce sont des gens dont la mentalité et l’univers m’ont grave influencés. Et je pense aussi à Lil Wayne qui a un tatouage baked sur le front. C'est un de mes artistes préférés !
Tout le long du projet, on retrouve des références à la drogue. Est-ce que c’est quelque chose qui t’accompagne au quotidien ?
Qui m'avait accompagné, je dirais, mais moins aujourd'hui. C'est plus un mood, un état d'esprit. Une espèce de transe dans laquelle je me mets quand je fais de la musique qui me rappelle une époque. Mais ce n’est pas quelque chose que j'ai envie de promouvoir. C'est une réalité dans laquelle j'ai pu vivre.
Ça m’a fait penser au clip « L$D » de A$AP Rocky qui imite la sensation d’être sous drogue…
A$AP Rocky n’est pas très loin de moi en termes d'âge. Il ne m'a pas forcément influencé, mais je pense qu'on a grandi avec les mêmes inspirations : 2001 de Dr. Dre, les Funkadelic, Parliament, tout ce côté psychédélique dans le rock. Pour revenir à la drogue, je pense que le premier truc qui m'a marqué, c'est quand j'ai lu à onze ans Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée. Ma mère me l’a fait lire, je ne sais pas pourquoi. C’est l’histoire d’une fille en Allemagne, devenue héroïnomane et qui se prostitue pour acheter la drogue. Ça avait eu beaucoup de succès.
Baked c’est 14 titres avec des sonorités made in Lyele qu’on entend sur des projets comme 24. Cette mixtape arrive-t-elle au moment où tu as trouvé ton identité sonore ?
En tout cas, je peux la présenter le mieux possible au monde. Je ne sais pas si c'est un projet où je veux offrir quelque chose de nouveau parce que ça je le garde pour plus tard. En tout cas, c'est l'aboutissement de ce que je sais faire aujourd'hui.
Comment as-tu choisi chaque artiste et pourquoi eux ?
La majorité sont des artistes avec qui je bosse beaucoup et c'est quelque chose que je valorise énormément. Je produis mieux pour des gens que je connais et avec qui on a une vraie relation. J'ai un peu une approche à l’ancienne dans la production… de vieux [rires] ! Que ce soit Steban, La Fève, Veazy ou Tiako, ce sont des artistes avec qui on peut s'appeler et parler de tout. Pour des mecs comme Keeqaid ou Skefre, c'est une nouvelle génération dont je kiffe la musique et ce qu’ils ramènent dans le rap français. Je trouve que c'est grave cohérent avec ce que je veux apporter. Même chose pour un ManMan Savage d’Atlanta que j'écoutais il y a dix piges. Quand je l'ai rencontré, j'étais refait et on a fait plein de sons ensemble. Aujourd'hui, quand je vais à Atlanta, on est tous les jours ensemble.
Est-ce que tu te vois travailler avec plus d’artistes féminines dans le futur ? Je pense notamment à Kay The Prodigy qui aurait pu correspondre à l’ADN de Baked…
J'ai déjà bossé plusieurs fois avec Kay en plus mais on n’a jamais rien sorti, c’est vrai… Mais oui de ouf ! Pour te dire vrai, je ne voulais pas bosser avec une fille juste pour bosser avec une fille. Si un morceau incroyable se faisait avec une rappeuse, je l'aurais sorti direct. Au contraire, pour moi, c'est vers le rap féminin que le rap français doit se diriger. À travers la parole des femmes, on redécouvre plein de sonorités.
Pour Baked, est-ce qu’il y a eu des séminaires, comme à Atlanta pour 24 ?
On en a fait un. On est parti à l’ICP [mythique studio bruxellois, NDLR] et on y est restés une semaine. Il y avait La Fève, Tiakola et Steban. J'en ai fait qu’un parce que bon… ça coûte des sous [rires] ! Maintenant que j’y pense, on n’a gardé qu’un seul son. D’un autre côté, j’ai beaucoup exploré. Pour Tiakola, par exemple, ça nous a pris quatre sons pour arriver au résultat final. Pour te donner un ordre d'idée, avec ERRR on a fait peut-être 300 sons pour en sortir 18. C'est pour ça qu'après tu as des Empty the bin qui sortent parce qu'on expérimente, on tente plein de choses. J'ai eu un peu la même démarche avec la mixtape. Vu que je suis proche de ces artistes, on pouvait jeter les sons quand on avait des doutes.
Est-ce que certains d’entre eux ont pu intervenir sur la conception de Baked ?
De ouf ! Encore une fois, ce sont les trois piliers : Steban, La Fève et Tiakola. De la même manière que je peux être en D.A. sur leur projet, ils l'ont été sur le mien. Ce sont justement ces échanges qui sont intéressants. Ça te permet de sortir de ta bulle parce que les avis extérieurs ont un recul que tu n’as pas. On se fait confiance les uns et les autres à ce niveau-là. Parfois je les écoute, parfois non et inversement.
En parlant de La Fève, il fait partie de ces rencontres qui ont été cruciales dans ta musique…
[Il réagit] Dans ma carrière, dans ma vie même !
Vous évoluez ensemble depuis ERRR. Tu le connaissais déjà avant de travailler avec lui ?
On se connaissait déjà un peu de loin par le biais de Kosei. À Marseille, je me sentais un peu seul dans mon monde. Ce que je fais est quand même assez différent des sonorités marseillaises pour lesquelles la ville est connue. Un jour, mon pote ingé Russell me dit : « Putain, j'ai trouvé un producteur… Je crois que c'est un peu dans ton délire. » Quand j'ai écouté, je me suis dit que c'était une dinguerie et on a un peu échangé. Plus tard, Kosei et La Fève sortent KOLAF ensemble. Forcément, je le vois et je trouve ça lourd de fou. On s’est aperçu ensuite que La Fève et moi étions signés chez le même éditeur et Kosei avait déjà bossé avec Steban sur Mode Sport. Il y avait trop de facteurs communs pour que notre rencontre ne se fasse pas.
Tu es quasi omniprésent sur 24. Pourquoi ?
Pourquoi ? Parce que La Fève [rires] ! C'est lui qui choisit. Il s'est rendu compte qu'il adorait bosser avec Kosei, FREAKEY! et moi. Ça s'est fait un peu naturellement. On est parti à Atlanta ensemble, on a vécu des choses qui dépassent même le cadre de la musique. Je n’avais jamais été là-bas et c’est la ville qui m'a peut-être le plus inspiré dans la musique. Je suis plus vieux qu’eux donc je voyais des choses que je fantasmais depuis que je suis petit. Être sur place et observer bosser des mecs comme Zaytoven, j’en rêvais. La Fève a compris assez tôt l’importance d’avoir une équipe proche. ERRR avait déjà eu un certain succès, mais, avec 24, c'est la première fois qu'on a commencé à vraiment toucher le mainstream avec notre univers.
Est-ce que c'est un projet qui a pu te pousser ensuite à te focus sur Baked ?
Ma volonté de faire un projet personnel existait bien avant 24. Le premier que je voulais sortir était un projet 100 % marseillais parce que j'étais un peu dans ce chauvinisme. Je me disais : « On va monter sur Paris, on va leur montrer ! » Au final, je ne l'ai jamais sorti, mais j'ai gardé des sons de ce projet là que j'ai compilé avec de nouveaux artistes. Donc on va dire que Baked synthétise un peu ma vie depuis environ 2017.
Comme La Fève, tu es aussi devenu une référence dans le renouveau de la trap grâce à tes productions. Comment perçois-tu ce statut ?
Je ne le perçois pas trop, j'essaie de ne pas trop y penser. Si je peux représenter une certaine forme d'exigence dans la trap à un niveau mainstream, c'est bien. En tout cas, s’il y en a qui me perçoivent comme ça, je suis flatté. Mais j'essaie de me voir comme un petit artiste tout le temps. Pour moi, notre son peut encore plus grandir. On n’est pas encore la culture française.
Quels sont vos points communs avec La Fève ?
On travaille beaucoup à l'instinct, on aime bien explorer et ne pas être complaisant dans le son. Dès qu'on commence à faire trop de titres dans un même style, on va se dire : « Bon, on a poncé ce truc, viens on va taper dans autre chose. » On va vouloir apporter une différence et trouver un axe pour que ce soit lisible pour un public large. C'est aussi un questionnement que les artistes qui nous ont inspirés aux États-Unis ont eu. J'ai l'impression que les nouvelles générations sont de moins en moins dans ça. C'est toujours plus radical, plus niché. Je kiffe aussi mais j'aime bien les grands projets. [Il pointe du doigt] Devant moi, il y a une photo de Quincy Jones. Pour moi, c'est lui qui représente ça. La manière dont il a ramené le jazz dans la pop par exemple, c'est ça que je kiffe. C'est pour ça que je te disais qu’on n’est pas encore une référence. J'aimerais pousser la trap à être encore plus big en France.
À travers Baked, tu t'ouvres à d'autres styles. Je pense à « Ride » avec Sonny Rave et ses influences R’n’B, trap soul. Est-ce que tu souhaites contribuer encore longtemps à ce renouveau de la trap ?
Comme je le disais, je suis Black music, ça veut dire que pour moi la trap fait partie d'un tout. C’est le médium dans lequel je m'exprime le plus aujourd'hui. Mais que ce soit dans le gospel de l'outro, le R’n’B avec Sonny Rave, la soul avec Tiakola et la trap plus radicale électronique du morceau avec thaHomey… Ce sont toutes des sonorités qui se complètent. Après, j'aurais pu faire, c'est vrai, un projet 100 % trap mais ça n’aurait pas été très Quincy Jones pour le coup [rires] !
C'est dans ton essence de mélanger toutes ces sonorités…
Dans le morceau « Ailé/Ma Ville » de La Fève, au début ça part un peu en rock psychédélique… C’est parce que j’ai grandi en écoutant Madlib, J Dilla et ils faisaient des tapes entières en mixant que du rock psyché. Une fois que tu rentres vraiment dans la musique et pas que dans le rap, ça devient logique de t'inspirer de plein de choses.
Un autre projet a été important cette année pour toi, c’est la production de X pour Tiakola. Comment s’est faite la rencontre ?
La Fève avait invité Tiakola sur le morceau « 500 » dans 24. C'était la première fois qu'on se rencontrait et ça s'est super bien passé. On a un ami commun, dont je suis très proche, qui s'appelle Djiby Kebe. Il travaille à Air Afrique et aussi pas mal sur la D.A. de Tiakola. Il voulait absolument qu'on bosse ensemble, il nous disait : « Musicalement, vous avez grave un truc à vous rapporter l'un et l'autre. » Un jour, on est allé déjeuner ensemble, on a grave discuté et je pense qu’il a eu le déclic : « En fait, on est dans la même mentalité, c'est lourd. » Il m'a parlé de ce projet et il m'a dit qu’il voulait que je participe avec Tarik et Ikaz. On est allé bosser à Berlin tous ensemble, et puis à l’ICP en Belgique. Ça a été une de mes meilleures expériences de musique. Même La Fève nous a rejoint et il a grave kiffé ! Aujourd'hui, on est toujours très proches. C'est presque lui qui m'a dit : « Si tu sors un projet, je suis dessus. » Moi, je ne vais jamais dire non à ça, au contraire !
Qu’est-ce qui a motivé cette direction musicale différente de celles sur lesquelles on a pu entendre Tiakola ?
Sur X, Tiakola nous a laissé libres. Ce n'est pas forcément le projet qui a le mieux marché commercialement mais il n’a jamais eu cette intention de base. On a tous énormément grandi grâce à cet EP. Il n’aurait jamais posé sur une prod comme celle de « SOLO » avant ça. Elle est sombre de ouf et c'est pas forcément là où il s'exprime le plus. Il l'a fait pour ce projet et moi j'ai grave kiffé ! Ça nous a permis d'ouvrir des portes qu'on n’avait jamais trop vues. Qu'un artiste mainstream au top de sa carrière se dise à ce moment-là : « Ben non, j'ai envie d'essayer autre chose ». Je suis émerveillé de cette démarche. Souvent, les artistes français, une fois installés dans une certaine zone de confort, n’ont vraiment pas envie de prendre de risques. Tiakola, je le vois s’inscrire comme un grand artiste.
Qu’est-ce qu'il a pu t'apporter ?
Pousser les sons et les réfléchir au-delà de juste faire un son de rap. Avec La Fève, on a ce côté très instinctif, spontané. Ça veut dire que si le son ne marche pas dès le début, on jette. Alors que Tiakola va essayer de les retravailler d'une autre manière. Il m'a aidé à développer ce côté-là.
Tu as eu l’opportunité pendant le mois d’octobre d’exposer au Palais de Tokyo. Qui a eu cette idée ?
C’est le curateur Hugo Vitrani qui est venu me voir. Il écoute beaucoup de rap et il s'est rendu compte qu’il avait kiffé beaucoup de morceaux que je produisais. On se suivait déjà depuis un moment. Je fais beaucoup d’expos et j'ai un attrait pour l'art contemporain, donc on s’est dit qu’il y avait un moyen de faire quelque chose ensemble. Quand il m'a proposé, j'étais trop refait, j’ai accepté direct.
Est-ce que tu peux nous expliquer le but de cette expérience sonore qui s’appelle donc « HyTunes » ?
Je ne sais pas s'il y a un but, mais c’est une espèce de voyage sonore pendant 25 minutes. Je parle un peu de ce truc d'addictions, de drogues... C'est une espèce d'oscillation d'émotions : parfois c’est super sombre, super chaotique, puis très lumineux, super apaisant. Je voulais aussi retranscrire ma manière de concevoir la vie en général. C'est une espèce d'immersion dans la sensation de prendre quelque chose et chacune des étapes traversées. Je voulais jouer avec les émotions de celui qui est en train de l'écouter.
Comment l’exposition a-t-elle été reçue par le public ?
Hugo m'a dit que ça a été l’un des coups de cœur de la saison. En tout cas, plein de gens ont kiffé. Il y a d'autres curateurs et artistes qui sont venus me féliciter. J'ai même eu l'occasion de parler avec Hans Ulrich Obrist, l’un des plus grands curateurs d'art au monde. Pour ma première œuvre, c’est que du bonus pour moi.
Qu'est-ce que tu retiens de cette expérience ?
Je retiens que j'ai envie d'en faire plus. C'est quand même une chance de pouvoir s'exprimer dans cet espace. Je peux évoquer des idées différentes, des choses que je ne peux même pas forcément dire d'une autre manière. Je ne suis pas un rappeur, je ne peux pas les écrire et le dire clairement dans des textes. Donc j'aimerais pouvoir continuer à m'exprimer à travers l'art contemporain.
Un conseil, un mot de la fin… ?
Il y a une petite interview de Jay-Z au début du son de Tiakola dans Baked. Pour lui, en tant que créatif, c’est important de faire ce qu’il te plaît, de le faire à fond, même si tu n'as pas l'impression d'être dans l'environnement où tu vas être le mieux compris. Un jour ça va payer, les gens vont capter. Ne lâchez pas l'affaire.